Bach Johann Sebastian - L'œuvre pour luth (Blassel Sylvain)
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Détails
Formation : Pour harpe seule
Adaptation : Blassel Sylvain
Partition : 143 pages
L’œuvre pour luth seul de Johann Sebastian Bach soulève encore aujourd’hui de nombreuses interrogations. Bach a très certainement rencontré d’illustres luthistes de son temps, en particulier Sylvius Leopold Weiss, dont il a transcrit une des suites pour luth en une suite pour violon et clavecin (en la majeur BWV 1025). Il est évident que Bach était familier avec le luth, qu’il a utilisé à plusieurs reprises dans des formations orchestrales. L’inventaire de ses instruments personnels à Leipzig mentionne un luth, dont on ne sait rien ni de la facture ni de l’accord. Ce même inventaire recense deux Lautenwercken, ce qui apparaît comme une clé dans la compréhension de son œuvre pour le luth. Il s’agit en effet d’un instrument à clavier dont la facture reprend quelques particularités du luth, en particulier les cordes en boyau — sur certains instruments, la table d’harmonie et la caisse de résonance sont semblables à une sorte d’immense luth. L’élève de Bach Johann Friedrich Agricola raconte en 1768 dans son ouvrage Musica mechanica organoedi avoir vu et entendu un Lautenwerck conçu par Bach et réalisé par Zacharias Hildebrand, un instrument identique au clavecin, en dehors de sa taille plus petite et ses cordes en boyau. Bach aura peut-être été touché par le jeu de Weiss au point de demander à Hildebrand de lui réaliser cet instrument pour imiter le timbre du luth, ce qui pourrait expliquer pourquoi plusieurs passages de ses partitions sont pratiquement injouables sur un luth baroque standard.
Sur les sept oeuvres de Bach inscrites au répertoire des luthistes, les seuls autographes sur lequel Bach mentionne lui-même le luth est sa transcription de sa cinquième suite pour violoncelle, et son Prélude, Fugue et Allegro, BWV 998. Les autres sont soit des transcriptions en tablature (BWV 997 et 1000, par Weyrauch), soit des copies (BWV 996, 999), soit des autographes sans précision d’instrument (BWV 1006a). De toutes ces pièces, trois au moins sont des transcriptions d’autres œuvres de Bach, depuis le violoncelle (BWV 995), ou le violon (BWV 1000 et 1006a). Bien que la mention du Lautenwerck n’apparaisse que sur une seule copie (BWV 996), ces pièces attribuées au luth ont sans doute été jouées au Lautenwerck, écrites sur deux portées comme pour un instrument à claviers.
Il n’est pas de nom français pour le Lautenwerck. Laute et Lautenwerck étant relativement proches, on pourrait penser à une traduction du Lautenwerck par le mot luth, qui apparaît sur l’autographe de la suite BWV 995 — l’usage du français était alors assez répandu. Cependant, comme sur le titre ajouté au BWV 998 et sur la copie du BWV 999, l’erreur de genre au mot la luth se réfère sans aucun doute au féminin allemand Die Laute, et le genre neutre Das Lautenwerk écarte l’hypothèse d’un problème de traduction.
Il ne nous est parvenu aucune partition pour harpe de Johann Sebastian Bach. La harpe n’étant pourtant pas un instrument si rare en son temps, il est difficile de l’imaginer ignorer les harpes doubles de la région de Leipzig, comme la harpe de 1740 par Johann Volckmann Rabe conservée aujourd’hui au musée de Copenhague. En réalité, le répertoire pour cette harpe double allemande reste relativement confidentiel, et il est probable que cet instrument fut surtout dédié au continuo.
De tous les instruments pour lesquels Bach a laissé des pièces solo, le luth est sans doute le plus proche de la harpe. Aussi les harpistes ont depuis longtemps inscrit à leur catalogue la plupart de son répertoire. Cependant, le contact direct du doigt avec la corde en boyau n’est qu’un simple point commun : le timbre, le registre, et les résonances sont tellement différents que jouer telles quelles à la harpe les partitions pour luth soulève à chaque fois de nombreuses questions d’arrangement, d’adaptation ou de transcription.
Deux parties constituent cet ouvrage. La première est une édition originale. Sur les manuscrits, les portées supérieures sont notées soit à l'octave supérieure (BWV 997), soit en clé d'ut 1 ère (BWV 998, 999, 1006a), ut 3 ème (BWV 996), ou ut 4 ème (BWV 995). Pour des raisons de confort de lecture, tout a été restitué en clé de sol. De même, les altérations de précaution ont été rajoutées. La seconde partie est une adaptation pour la harpe moderne. Elle se veut fidèle à l’édition originale, et se refuse d’ajouter les moindres notes, ornements, tempi, nuances, articulations ou doigtés. Seules différentes transpositions permettent d’adapter chaque pièce au registre de la harpe moderne.
S.B.
HSA 11796 - EDITIONS HARPOSPHERE
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